Le Rallye des Cardabelles entre dans la force de l’âge avec toujours la même aura auprès des concurrents du championnat de France qui seront en force cette année avec peut-être le dénouement avant l’heure, en ce qui concerne le titre. Le plus anciens des rallyes du championnat est né un beau jour de 83 autour d’une tasse de café et d’une discussion entre une bande de passionnés qui écumaient les rallyes, notamment le Critérium des Cévennes. Le Rallye, disputé sur les chemins de terre aveyronnais ne tardera pas à intégrer le championnat de France des rallyes sur terre en 1985, pour devenir une manche incontournable de la spécialité et ce jusqu’à nos jours.
LE RALLYE DES COPAINS
A l’origine de l’idée de ce rallye, 3 copains, Alain Ginesty, Eric Nouyrigat et Jacques Bréfuel. Ce dernier, journaliste au Journal de Millau et passionné de sport automobile explique : «Comme nous étions totalement ignorants en organisation de rallyes nous avons contacté Guy Destresse qui venait d’être nommé à Millau. Il était professeur de techno et surtout organisateur du Causse Rouergat et très au fait de l’organisation d’un rallye, notamment sur le plan administratif et sportif. Nous avons à ce moment là créé l’Ecurie Condatomag pour avoir une entité spécifique aux Cardabelles mais rattachée à l’ASA Saint Affrique qui était spécialisée dans l’autocross. En 84 a eu lieu la première édition sur le Larzac, très précisément autour des lieux rendus célèbres par la lutte des opposants au Camp du Larzac ! La remise des prix s’est déroulée à la Cavalerie mais elle a failli ne jamais avoir lieu. »
PERDUS DANS LES GORGES DE LA DOURBIE
« Le gars qui devait conduire le convoi sur les lieux s’est trompé, il est parti dans les Gorges de la Dourbie. J’ai du me rendre sur les lieux et les faire revenir par Pierrefi che du Larzac sur une route où on ne peut pas se croiser ! Pour cette première nous avions 50 concurrents. Dès la 2e année nous étions en coupe de France avec des Rallyes comme le Terre de Provence, le Causse Rouergat , les Mille Pistes… et les premiers pilotes de notoriété sont arrivés avec les Christian Rio, François Chauche, Christian Dorche, Francis Bondil… En 1986, Jean Pierre Ballet a gagné avec la 205 T 16 » précise Jacques Bréfuel. « Alain Ginesty s’est particulièrement investi dès le départ. Il avait l’avantage d’avoir une famille de passionnés qui le soutenait. C’est lui qui a monté l’épreuve avec Guy Destresse, pilier de l’organisation depuis les débuts » Guy Destresse, 79 ans fut le chef d’orchestre souvent sur le devant de la scène, désormais un peu en retrait mais la passion toujours intacte.
GUY DESTRESSE, L’ORGANISATEUR DANS L’ÂME
« Je suis de Capdenac et j’ai couru, en coupe 104 ZS puis avec une R 12 Gordini. A l’époque j’organisais le Causse Rouergat avec Michel Théron. Je connaissais donc parfaitement le déroulement d’une épreuve, depuis le dépôt du dossier en préfecture, 3 mois avant, jusqu’à l’arrivée du dernier concurrent au parc fermé d’arrivée. Je roulais en R8 Gordini et j’ai eu des contacts avec Alain Nouyrigat qui avait repéré le bolide, donc le pilote. De fil en aiguille, il a compris que je pouvais les aider. Une réunion a été organisée à Millau, à La Brasse, avec un public nombreux. J’ai été chargé de présenter le projet, du moins de les éclairer sur les tenants et les aboutissants ! D’entrée de jeu, je leur ai expliqué ce qu’était un rallye sur terre depuis le relationnel avec la préfecture, les communes, les riverains jusqu’au choix du parcours, le timing, la remise en état des chemins après la course… Naturellement, l’ampleur de la tâche, la découverte des différences avec ce qu’il savait du rallye asphalte les a surpris. Mais ils étaient très motivés et c’est à partir de là qu’ils ont crée un bureau. Ils étaient très désireux de bien faire. Je me suis lancé dans l’aventure… » précise Guy Destresse.
ON DOIT PROPOSER DES SPÉCIALES ROULANTES
« On a un rallye qui a très bonne réputation. On le doit à la qualité du terrain utilisé. Au départ on avait bien défini ce qu’est un rallye sur terre, c’est à dire avant tout varié et roulant. Il y avait trop d’épreuves casse voiture. J’ai donc été chargé de tout ce qui touchait à la mise en place administrative du rallye depuis les autorisations, jusqu’au timing et Road book. Je me souviens que pour le premier je suis allé reconnaître à moto. D’ailleurs, même si j’ai pris du recul, c’est toujours moi qui me charge du dossier administratif, cela avec l’aide de quelques uns. Je continue à avoir des relations avec les autres organisateurs. Je suis donc souvent présent dans la direction de course. J’essaie de mettre des jeunes dans la gestion de cette partie qui ne se voit pas mais qui est primordiale. Cependant les difficultés rebutent. On a beaucoup de manifestation importantes à Millau, la liste des bénévoles n’est pas extensible. Mais on doit prendre exemple sur d’autres organisateurs comme ceux des Causses qui ont rebondi avec une équipe renouvelée » poursuit Destresse.
JEAN LOUIS GILHODES A REPRIS LE FLAMBEAU
C’est sûrement en cours. Depuis 3 saisons, Jean Louis Gilhodes a sauté de sa Saxo T4 pour reprendre le flambeau et affronte les ennuis récents qu’à connu l’organisation avec 2 accidents tragiques qu’il a fallu gérer à tous les plans, y compris émotionnels. Petit à petit, lui et son équipe trouvent leurs repères. Au niveau des satisfactions, les uns et les autres apprécient l’intérêt que portent en général les pilotes, notamment de notoriété, à LEUR Cardabelles comme Bruno Saby qui à l’arrivée d’une des éditions commentait au micro : Ici, ils ont tout compris ! Ou comme le Belge Bruno Thiry qui confiait à Didier Auriol y avoir ressenti les mêmes sensations qu’en championnat du Monde ! Et quand on parle de la fameuse spéciale du camp on a droit aux précisions de Jacques Brefuel.
LES 1000 PISTES AVAIENT MONTRÉ LA VOIE
« Effectivement, organiser dans un camp militaire c’est un must. On a un choix infi ni de variétés de tracés et les reconnaissances sauvages sont impossibles ! C’est parti du rallye des Mille Pistes qui se déroulait dans le camp militaire de Canjuers. Nous avons contacté l’armée. Ils ont sûrement vu une opportunité de participer à la vie de la région… » Désormais le rallye se déroule sur deux jours, à la Cavalerie puis à Séverac le Château ou se joue la gagne, très souvent. On se souvient de la victoire sur le fil de Florent Todeschini, l’an dernier ! Hugo Bekaert et Florent Delpech Matthieu et Mathilde Margaillan Gilles Salgues et Laurence Pelamourgues 1993 Patrice Salgues et Phillippe Bergounhe 1984 10 DOSSIER Le nombre d’engagés, la place nécessaire aux structures et manufacturiers, contraignent au choix de lieux disposant de suffisamment de place, c’est le cas à Millau mais aussi à Séverac.
CITROËN ET SES BASES D’ESSAIS
Ces spécificités patiemment mises en place ont permis à l’épreuve de devenir une manche incontournable du championnat de France des rallyes sur terre. Grâce à son parcours et la qualité d’organisation, il a accueilli en 2002 et 2003 une manche du tout nouveau championnat de France des rallyes Super 1600. Le terrain plaît, y compris pour des essais usine. En 2000 on y a vu Philippe Bugalski et l’équipe Citroën Sport tester la Xsara T4 dans le cadre de sa future participation en championnat du Monde. En 2010, Citroën reviendra en Aveyron pour mettre au point la DS3 avec Marc Amourette. L’épreuve a également accueilli de nombreux pilotes de renommée mondiale ou qui ont connu par la suite des carrières prometteuses au plus haut niveau. A commencer par Sébastien Loeb et Sébastien Ogier, plus récemment Yohan Rossel, les frères Franceschi.
UN RALLYE POUR LES CHAMPIONS
De nombreux champions français ont connu le bonheur d’affronter les Cardabelles. On citera Bruno Saby, Jean Pierre Ballet, Philippe Bugalski, Christian Dorche, Brice Tirabassi, François Chauche, Patrick Magaud, Simon Jean Joseph, Marc Dalmasso, Jean Marie Cuoq, Arnaud Mordacq, Germain Bonnefils, Bryan Bouffier, Lionel Baud, les frères Rossel et Franceschi… sans oublier des étrangers de renom Comme Jean Pierre Richelmi, Tchine, Bruno Thiry, Dominique Bruyneel, Claudie Tanghe, Salvador Canellas. Et début octobre on y assistera encore à une joute passionnante avec les Margaillan, Pellier, Gascou, Ragues, Todeschini et consorts qui sont loin d’amuser le terrain !
Alain Lauret, Christophe et Jacques Bréfuel