Le projet branché de Vincent Beltoise
Importateur principal de Caterham en France depuis plus de vingt ans, Vincent Beltoise s’est lancé dans un nouveau projet en 2018 : construire un prototype électrique avec la base de chassis d’une Caterham.
A 36 ans, Vincent Beltoise n’est pas un débutant quand il s’agit de parler compétition automobile. Aprés des débuts en deux roues en motocross, c’est l’ascendant de la voiture qui a pris le dessus : premiers tours de roues à 16ans en Caterham, puis vainqueur du volant Caterham, le pilote alésien a continué sa route vers la Formule 4 academy euroseries en 2008, où il a pu bénéficier de deux saisons entièrement financées. S’en suivront des courses en monoplaceen Angleterre, puis en 2012, Vincent va s’orienter vers le Gran Tourisme (GT) pendant six ans, en Porsche Carrera Cup. Par la suite, il prendra le volant en European le Mans Series Lmp3, ainsi que plusieurs saisons au Trophée Andros, ou encore lors de courses mythiques comme Pikes Peak.
CATERHAM, UNE PASSION FAMILIALE
Les Beltoise et Caterham, c’est une histoire qui ne date pas d’hier. Drivé par ses parents, Vincent a repris il y a quelques années les rênes de l’entreprise ainsi que celles de la Coupe de France Caterham, qu’ils avaient créé : « J’ai commencé en Caterham car mes parents étaient importateurs. Mon père a créé la coupe de France ce qui m’a permis de commencer. L’enthousiasme a fait le reste ! C’est l’une des voitures les plus attractives et joueuses en terme de pilotage et d’apprentissage, mais aussi en budgetcar on peut se faire plaisir sans dépenser des millions d’euros ». Instaurée en 1993, la Coupe de France Caterham regroupe aujourd’hui trois catégories de monoplaces : la Roadsport (135cv), la 340r (170cv) et la 420r (190cv) avec sa boite séquentielle. Un championnat indépendant qui rassemble plusieurs dizaines de voitures chaque week-end de courses, et qui a lieu dans toute la France, .On propose une formule clé en main où l’on fournit tout, de la voiture à l’assistance avant, pendant et aprés la course. Il y a aussi ceux qui ont leur propre matériel et qui sont indépendants..
Pour permettre au plus grand nombre de rouler dans de bonnes conditions, le pilote cévenol a créé la « Caterham Academy », une école réservée aux pilotes n’ayant jamais de licence en sport automobile. « On acréé la Caterham Academy à partir d ’un constat simple : il est trés compliqué de commencer en sport-automobile de nos jours sans aucune expérience, confie Vincent. Les championnats même amateurs se sont tellement professionnalisés que le niveau est trés élevé, et cet environnement n’est plus propice à la découverte ». Une formule simple est née : acheter sa voiture, concourir avec pas plus de 24 pilotes par an, avec des journées encadrées par des coachs et mécaniciens, pour débuter au plus prés du monde professionnel dans un environnement sain. .
«ELECTRIC MOTORSPORT ACADEMY» LE PROTOTYPE MADE IN ALÈS
Mettre des batteries délivrant l’équivalent de 160cv dans une Caterham, voilà l’idée de base de Vincent Beltoise. « Lorsqu’on regarde une Caterham, on voit vite le potentiel en tout électrique. On a besoin de voitures légères et il n’y a pas besoin d’avoir des centaines de chevaux sous le capot. C’était donc la base idéale. Dès que j’ai eu le projet en tête, j’en ai tout de suite parlé à la marque, mais ils ne m’ont pas soutenu financièrement. On a monté ça dans nos locaux au Pôle Mécanique avec nos mécaniciens. Etant diplômé d’une école d’ingénieur, j’avais les connaissances suffisantes pour essayer quelque chose ». Un premier prototype voit le jour en 2018 aprés de longs mois de fabrication dans les locaux alésien. Bonne nouvelle, la répartition se veut équilibrée. Une centaine de kilos de plus que le modèle originel, des batteries installées sous le plancher afin de garder une auto stabilisée, des roues arrières motrices, pont différentiel et mono-vitesse… Bref, une voiture de compétition, mais silencieuse, « Le but avec cette transformation en électrique était quand même de rester fidèle à l’esprit d’origine, poursuit Vincent. Les gros avantages du modèle électrique sont, que les débutants peuvent vraiment prendre en main une auto performante, sans se tracasser des différentes pédales ni de la boite de vitesse. Ils peuvent se concentrer sur l’essentiel, la conduite, ce qui est vraiment top pour découvrir le sport auto ».
Quelques mois plus tard, une version bis va voir le jour, mais cette fois-ci avec un moteur plus performant et une autonomie augmentée. Résultat des comptes, la structure alésienne a créé une auto électrique de 200 Cv (équivalence donnée en Cv) capable de rouler pendant 35 minutes. Une voiture qui a permis à des pilotes de venir s’essayer en tout électrique, et de mieux appréhender les différences de pilotage. Une version améliorée, mais qui tire beaucoup sur les batteries, « Avec la deuxième version, on a vu la différence, mais le problème est que les voitures n’étant utilisées que sur circuit, les batteries chauffent énormément. De plus, la solution de recharge n’est pas encore optimale, car si on veut tenir dans le temps, on ne peut pas recharger avec des chargeurs rapides, car ça abîme les batteries ».
Derrière le projet de « l’Electric Motorsport Academy », le pilote alésien souhaite créer une école de pilotage spécifique, proposant aux stagiaires de piloter des véhicules électriques. Une initiative qui ne s’inscrit pas à 100 % dans le paysage global dusport automobile, puisque l’offre sera axée aux particuliers et entreprises. « On veut pouvoir proposer des stages avec les véhicules électriques, et baser notre clientèle sur les entreprises et les curieux en premier lieu. L’idée serait de faire cinq voitures électriques en version 2 ; on sait que ça va mettre du temps à se mettre place, mais on va faire les choses comme il faut », précise Vincent. Un projet de long terme qui se veut électrique et éco-responsable. Un défi que s’est lancé Vincent Beltoise et qui risque de faire parler de lui dans les années à venir.
Matthieu Morel