
Ils écument les rallyes de la région Rhône Alpes et travaillent tous dans l’entreprise de vente de matériel BPT, créée cela fait déjà un bail par le père à ¨Pont Salomon, en Haute-Loire.
LES DELORME, UN CLAN TALENTUEUX
Quand la famille Delorme envahit un parc fermé, il y a du souci pour la concurrence et pour cause. Ce n’est pas un pilote mais une famille entière qui est à pied d’oeuvre avec Gérard, Alexis, Francis, accompagnés de Cyrielle, chargée du carnet de notes (pour le moment). Souvent, le scratch est en ligne de mire! C’est le patriarche, Gérard, 62ans, mécano à cette époque, qui a lancé la saga familiale et dans les années 80 quoi de plus normal que d’écumer les rallyes au volant d’une Simca1000 Rallye 2 ! « Pour ma première expérience, en 82, j’ai gagné la classe au Rallye de La Coutellerie. Mais rapidement on a fait évoluer l’auto, une groupe 2, plus tard une évolution groupe S dotée d’un moteur course courte ».

LE SCRATCH À L’ESCULAPE
En 85 il signe son premier scratch, au Rallye de L’Esculape et se retrouve qualifié pour la finale des rallyes régionaux de Vichy. « On signe 4 scratches sur 6 mais mon copilote s’est mélangé les pinceaux. On a pris des pénos ! Sur le moment je voulais l’abattre. Finalement ça c’est bien passé, c est mon beau-frère » précise, hilare, Gérard. A la Simca succèdera une R5 GT. « Je voulais me confronter au gratin, j’ai été servi ». À cette époque les vedettes s’appelaient Frau, Polo, Mouchet, Arzéno… À mi saison il est 3e de la coupe mais un coup de fi l du banquier le fera revenir sur terre. «J’ai vendu l’auto ! » Dès lors Gérard va se tourner vers Peugeot. A l’époque la 309 GTI 16 S groupe A est un must. Au Velay Auvergne, en 92, il empoche la victoire et ira à la finale d’Arras pour accrocher la 15e place scratch. Mais le souvenir le plus prégnant reste une belle bagarre au Rallye de l’Ardéche face à Simon Jean Joseph, o ciel Peugeot, lui. « Dans Burzet, il me mettait 10 secondes, je les lui ai remises dans la descente de Ray Pic ». Il est resté devant mais c’est devenu un ami .

UNE EMPOIGNADE AVEC SIMON JEAN JOSEPH
Désormais, Gérard roule en 306, une voie étroite jusqu’en 2016 puis une maxi ensuite. « Cette année, au Velay Auvergne j’ai battu le record dans 2 ES. On finit 3 au scratch. Mon meilleur souvenir reste la récente finale à Ambert, surtout au point de vue émotionnel. On gagne le F 214 avec Sophie Bert -ma nouvelle copilote- avec le temps du prologue. Face à Jammet ou Lanquetin, fallait pas trop traîner. 38 ans après Vichy, devant les copains c’était fantastique. Pour 2024 je pense conduire la 208 RC4 que nous avons en location. J’ai l’intention d’aller au Rouergue, au Charbo et au Var. Pour se faire plaisir, c’est une auto plus tranquille !» Mais si le « Père » Delorme envoie encore du lourd, derrière la relève est assurée.
ALEXIS, CHEF DE FILE DE LA RELÈVE
Par Alexis d’abord, 30 ans, qui a commencé dans le baquet de gauche. De 2015 à 2017 il écrase de sa supériorité la classe R2 avec une C2 puis une C2 Max, 5e de classe à la finale de Marseille et en bataille avec Francis, le numéro 2 des Delorme, à Chalon quand il sort de la route. « Je n’avais pas repéré un ciel. On s’est envolés à fond de 6 avec la 208 F 213. C’est une auto très performante que j’ai construite de A à Z avec une caisse autour d’un arceau Matter et les trains roulants d’une DS R3 du Lycée de Saint Vallier. La boîte est une SADEV ST 75, les amortisseurs 3 voies sont conçus par Lionel Vallon, le moteur élaboré par les Ateliers Pétolat. Le reste est à mon inspiration… J’ai tout le temps gagné le 2 roues motrices. A la Fourme d’Ambert on termine 7e au scratch avec ma compagne Angélique Ravier. » précise Alexis. «J’ai aussi gagné une dotation Minerva qui m’a permis de rouler à l’Antibes avec une Clio RC5 de chez PH. Pour l’année prochaine j’ai acheté une Clio F 214 ex Guillot, imposée au Var, et je disposerai d’une Clio RC5 pour certaines épreuves, dans le but de se qualifier pour Annecy, en 2024 »
FRANCIS SUR LE MÊME TEMPO
Francis, le numéro 2 des frangins, tout aussi redoutable, n’est pas vraiment en reste dans ce concert familial dédié au rallye. Après des débuts en 2015 dans le baquet de droite, lui aussi s’est illustré derrière le volant. « Le copilotage ce n’était pas là où j’étais le meilleur ». Du coup c’est avec une C2R2 montée par ses soins qu’il va se faire remarquer jusqu’à monter sur le podium au rallye de l’Ardèche, 3e scratch derrière Moulin(207 S 2000) et Ginhoux (Skoda R5) en 2018. En 12 rallyes il monte 11 fois sur le podium avec 5 victoires. Cela lui vaudra de recevoir la bourse de la Ligue Auvergne de 2000 euros attribué au meilleur jeune de la saison. L’année suivante, à Albi, lors de la finale, il s’impose en R2 et les moins de 25 ans ce qui lui permet ce coup-ci d’être mis à l’honneur par la FFSA. Après une longue saison de mise au point de sa nouvelle 208 R2, il sera à pied d’oeuvre chez lui, à Ambert après avoir signé une flopée de victoires de classe. « Hélas, ce jour-là ça ne voulait pas sourire avec d’entrée de jeu un souci mécanique ». Après quelques coups d’éclat cette saison avec la R2 (4e scratch au Val d’Ance et à la Gentiane) et une belle entrée en matière en Ardèche avec la 208 RC4 avant de sortir sur une erreur de note il tentera de se qualifier pour la finale… avec la R2.

CYRIELLE, « NAVIGO » EN CHAMPIONNAT DE FRANCE
Si les hommes sont derrière le volant, Cyrielle, la petite dernière, comme ses frères investie dans l’entreprise familiale, a entamé une belle carrière de copilote.«Pour mon premier rallye, aux côtés de mon père, en 2016 je suis monté sur la 3e marche du podium scratch, au Hautes Vallées de la Loire ». Depuis Cyrielle a navigué toute la famille mais fait quelques essais au niveau supérieur avec une Porsche 997 (Tony Ribaudo) ou une Fiesta R5 (Joël Rappaz). Désormais c’est beaucoup plus sérieux avec la prometteuse Marina Breuil. « Elle louait la 208 RC4 dont nous disposons avec de bonnes performances, 9èmes au Forez, 7e au Montbrisonnais. En 2024 elle veut partir avec moi en championnat de France asphalte pour viser le titre féminin et le 2roues motrices. C’est un beau projet et une belle opportunité pour aller voir de plus près le haut niveau » conclut la plus jeune des Delorme mais pas la moins motivée.

Alain Lauret