Patrick Rouillard est désormais un habitué du championnat de France

Véritable vedette dans le Sud-Ouest de la France à ses débuts, le Toulousain Patrick Rouillard a gravi tous les échelons d’un amateur doué pour finir dans le haut du panier du championnat de France des Rallyes. Avant de crever dans la dernière spéciale du dernier Rallye du Mont Blanc, il se battait dans le top 10, c’est désormais son habitude avec la Skoda Fabia Rally2 évo qu’il pilote depuis un an. A 63 ans ce spécialiste BMW et Mini depuis 37 ans dans son garage de l’Union, dans la banlieue de la ville rose, a gravi patiemment tous les échelons qui mènent à la notoriété, ponctuant sa carrière de pur amateur de coups d’éclat que n’auraient pas renié certains pilotes bien plus armés. « Je suis issu d’une famille modeste de la Vienne et je me suis passionné pour le sport automobile grâce à la petite radio que j’avais dans ma chambre et qui me permettait tous les ans de suivre la nuit du Rallye de Monte Carlo et la voix de Bernard Spindler dont je buvais les paroles. A cette époque, le circuit du Val de Vienne n’existait pas, il n’y avait rien qui pouvait évoquer les courses auto sauf une Dauphine que possédait un jeune de mon village avec un numéro sur la portière. Je me suis dit, un jour j’aurai aussi un numéro sur la portière de ma voiture de course. » Rêve de gosse qui deviendra réalité.

UNE DAUPHINE ET UN NUMÉRO SUR LA PORTIÈRE

Et Patrick va mettre un pied dans la course quant il se retrouve mécano de course à Paris en 82-83, au garage du Bac, lequel fait courir notamment Jean Pierre Malcher en Production avec une BMW 530 Is. « En 84, Roland Pelras avait monté un atelier de course BMW à Toulouse. Avec un copain du garage Georges Benoit à Lyon (aussi préparateur BMW) nous avons été recrutés pour monter l’atelier de compétition de la concession BMW. Quand Pelras a abandonné j’ai repris l’atelier de compétition dédié aux BM. C’était le 1er janvier 1987. Quelques temps plus tard je mettais un numéro de course sur une BMW 530 Production. J’ai enchaîné avec le volant ELF en 86, stoppé aux portes de la demi fi nale ! J’ai dans la foulée acquis une vieille Formule Renault. C’était une MK 30, les autres roulaient avec de MK51 ! 15 ans de diff érence ! Et puis, peu de temps après, j’ai pu louer une MK 48 pour Nogaro. 3e aux essais derrière les deux Elf offi cielles et devant Panis, je sors. La molette du répartiteur bloquée, j’ai tiré droit au 10e tour. Fin du rêve ! »

IL TIRE UN TRAIT SUR LE CIRCUIT

C’en est fi ni du circuit, Patrick Rouillard va mettre ses roues sur les spéciales de rallye, en 89. L’opportunité se présente quand un client lui prête sa M3 qu’il engage sur son rallye fétiche, le Montagne Noire. « Je termine 3e au scratch derrière Sastre et Delage. Dans la 1 je fais le 2e temps. Le Montagne noire c’était mon terrain, avec 7 victoires, je détiens le record ! Cette première m’a poussée à persévérer, toujours avec des BMW. En 91, j’ai construit ma 323 I groupe F et c’est là que ma carrière va vraiment prendre un tournant. Je signe mon premier scratch en Août 92, au Rallye du Cabardès. J’y ai d’ailleurs signé 7 victoires sur 7… Au début, c’étaient les copains qui me secondaient dans le baquet de droite mais à partir de 2001 j’ai eu aussi des copilotes plus expérimentés comme Marty, De Turckeim, Guillem Zazurca durant 22 ans, mais aussi mon meilleur ami, Cédric Gamboni… »

LA PORSCHE DE NANTET, JE NE POUVAIT RATER ÇA !

Revenir sur tous les succès, les victoires au scratch de Patrick serait très long tant le pilote a aligné les performances en plus de 400 rallyes. On retiendra ses victoires en coupe de France, à Tournus, en 98 avec la M3 Groupe A, en 2000 à La Ciotat avec la Compact. Il s’imposera aussi dans le Trophée Michelin en 2004, avec la Toyota Célica. P a t r i c k a s u é v o l u e r patiemment avec des autos de plus en plus performantes, une M3 groupe A puis une BMW Compact, la Toyota Célica ex Génesca, une Mégane Kit car ex usine, une Mitsu groupe A et enfi n les Porsche. Une 3,6 litres acheté au Vosgien Voirin -durant 4 ans- qui lui permet d’aligner des scratchs et de nombreuses victoires dans le trophée Michelin. « P u i s j ’ a i e u l ’ o p p o r t u n i t é d’acheter celle de Nantet. Une 3,8 litres, je ne voulais pas rater ça. Dès lors on est rentré dans le top 10. Hélas, ça s’est terminé de fâcheuse manière, à très haute vitesse. Ca fait réfl échir ! J’ai échangé la Porsche contre une Skoda. En championnat on est régulièrement placés derrière ceux que je considère comme des pros ».

LA SKODA EST UNE VÉRITABLE VOITURE DE COURSE

«Personnellement, j’ai encore une affaire à mener quand je rentre le lundi. A 63 ans, je cours pour le plaisir, et souvent à l’économie. Au Mont Blanc, je n’ai passé que 8 pneus. Mais piloter une vraie auto de course est un privilège. C’est sûr, c’est la Skoda que je préfère et je me la suis payé grâce à mon travail. La Porsche était incroyable pour le bruit mais c’était un engin de guerre, trop violent ». Dans l’ordre et concernant le rapport performances-plaisir Patrick cite la M3, la Toyota, la Porsche et enfin, le must, la Skoda. « Mais chacune à son époque était ce qui se fait de mieux. » Quand on évoque les souvenirs les plus marquants, Patrick avoue trouver le choix difficile.

DEUX FINALES DES RALLYES À SON ACTIF

D’abord la finale 2000 devant les 3 kit car de Lonjard, Cuoq et Venturi. « On a fi ni, groupés en 23’’. Quelle bagarre ! » La première victoire au Montagne Noire, devant ses supporters de toujours. En 2007, la victoire au Mont Blanc avec la Toyota dans le trophée Michelin (4e scratch) ; la longue liste de victoires avec la M3 dans le cadre de la coupe de France, la 3e place à l’Antibes 2015 (pour un dixième face à Nantet avec Gamboni aux notes), mais aussi, sentimentalement, la victoire au Rallye du Frontonais 2010 avec son fi ls Nicolas qui vient de fêter ses 16 ans, les podium au Critérium des Cévennes ou au Charbo. « Mais tout cela n’aurait pas été possible sans les sociétés Igol et GT2i. En ce qui concerne Igol, cela fait 25 ans qu’ils sont à mes côtés. A 63 ans on sait que les jeunes vont beaucoup plus vite mais être à moins de 15’’ d’Ancian sur 30 bornes, au Mont Blanc et devant Jordan Berfa, parfois, ça incite à ne pas lâcher l’affaire de sitôt » conclut Patrick dans un éclat de rire. Et donc, en route vers la 500ème !

Alain Lauret