De l’avis de tous les spécialistes, c’est à l’édition la plus dure de l’East African Safari Classic Rally que l’on a assisté du 21 au 29 novembre derniers entre le Kenya et la Tanzanie. Avec quelque 6000 kilomètres au programme, l’équipe BMA savait que la partie ne serait pas facile, mais Bernard Munster et les siens étaient loin d’imaginer ce qui les attendait réellement… « De l’avis des spécialistes, tels Blomqvist et Duncan, ce Safari était vraiment le plus extrême de tous, explique le préparateur de Petit-Rechain. 40% du parcours était totalement défoncé. A la limite, ce n’était plus du rallye, mais plutôt du trial ou du rallye-raid. Ce qui donne encore plus de relief à la présence à l’arrivée des quatre Porsche 911 que nous préparions… »
Avec un taux de réussite intéressant, et même important en termes de fiabilité, la formation belge peut se montrer satisfaite. Son responsable ne l’était pourtant pas tout à fait au moment de descendre du podium final… « Bon résultat d’ensemble, mais on aurait pu faire mieux encore, poursuit Munster. Notamment avec Grégoire de Mévius et Alain Guehennec, qui venaient de prendre la tête de la course lorsqu’ils ont rencontré leur seul problème. C’est la course, bien sûr, surtout en terre africaine, mais il est clair que la performance était au rendez-vous et que le podium final était à leur portée… »
Finalement classé au 8ème rang, l’ex-Champion du Monde des Rallyes en Groupe N a clairement joué de malchance lors d’une 11ème spéciale que l’équipe BMA n’est pas prête d’oublier… « Il s’agissait d’un long tronçon de 120 kilomètres, et dès le début, j’ai entendu un bruit anormal, explique Grégoire de Mévius. Le cardan a rendu l’âme à 7 ou 8 kilomètres de l’arrivée. On avait prévu avec Bernard de s’entraider en cas de souci de ce genre, d’autant qu’il devait débouler trois voitures plus tard… Le hic, c’est qu’il a lui-même rencontré un problème avec un boulon d’amortisseur, ce qui l’a aussi immobilisé dans cette même spéciale. Il n’est donc jamais arrivé… Résultat : c’est un véhicule local qui nous a dépannés en nous tractant jusqu’à l’arrivée. Coût de l’opération : 90 minutes de pénalité, et toute chance de victoire qui s’envole. Dommage, car le reste s’est super bien passé, et la pointe de vitesse était clairement là. Il ne faut néanmoins pas oublié qu’on est avant tout au départ de ce genre d’aventure pour prendre un maximum de plaisir. Alors, bien sûr, quand vos chances de victoire s’envolent le quatrième jour, vous êtes déçu pendant deux ou trois heures, mais après, on se dit qu’il reste un demi-rallye, et qu’on a la chance de disputer une épreuve fabuleuse – même si beaucoup trop cassante à mon goût pour des voitures anciennes – dans un team de pointe à l’ambiance familiale. On avait trois mécanos au top qui prenaient soin de notre auto, en plus de Lionel Hansen, et tous les soirs, il n’y avait qu’à demander pour obtenir des réglages ou de ajustements. Que demander de plus ? »
Secondé par Johan Gitsels, Bernard Munster a lui aussi écopé d’une pénalité maximale dans ce secteur chronométré. D’autant plus regrettable qu’à partir de la deuxième spéciale, Monsieur BMA avait trouvé le bon rythme… « Il y a deux ans, j’avais occupé la fonction de team-manager sur cette épreuve, ce qui m’avait bien sûr empêché d’avoir mon propre avis de pilote sur la chose, analyse Bernard. Je ne savais donc pas quel rythme adopter au départ. D’autant que les grands sages du Safari m’avaient tous dit : si tu trouves que tu ne vas pas vite assez, vas moins vite encore ! Résultat : 7 minutes perdues dans la première spéciale de 80 kilomètres, et une 20ème place au général ! J’ai remis les pendules à l’heure BMA dès les spéciales suivantes, avec un scratch dans la deuxième et un 3ème temps dans la troisième, et tout était ok. En fait, si on cumule mes scratches et ceux de Grégoire, on remarque que BMA s’est offert le plus grand nombre de meilleurs temps à égalité avec le futur vainqueur Ian Duncan. C’est une très belle satisfaction. Désormais, je sais ce qu’il faut faire sur les autos pour qu’elles soient encore plus résistantes à ce genre d’efforts très intenses. Je ne peux d’ailleurs que remercier nos partenaires de Reiger Racing, spécialistes des amortisseurs, qui nous ont aidés à aligner des autos très compétitives. Que dire alors des pneumatiques reçus en direct de Michelin, qui se sont avérés redoutables, permettant à nos voitures de ne pas subir les affres de la crevaison à répétition, comme ce fut le cas pour de nombreux adversaires. Le top… Le reste, dans ce genre d’épreuve, c’est avant tout de la chance… »
Copiloté par André Leyh, Alain de Mévius a de son côté disputé une course magnifique avant de percuter une pierre dans une zone de fech-fech typique des épreuves africaines. La roue avant-droite n’a pas apprécié, ce qui s’est également traduit par une pénalité maximale en raison de trois spéciales non-disputées. L’assistance a certes éprouvé quelques soucis à repérer l’équipage immobilisé au beau milieu d’une spéciale de 120 kilomètres, mais une fois la réparation effectuée, la Porsche BMA a fini par reprendre sa route sans plus jamais rencontrer de problèmes sérieux.
Ultime bolide engagé par la formation de Bernard Munster, celui de François Kicq et Jean-André Collard a été victime de deux bris de barre de torsion, avant de souffrir côté boîte de vitesses. Mais l’équipage a pu lui aussi atteindre le podium d’arrivée au bout de cette épreuve de l’extrême.
Au moment de boucler cette véritable aventure qui connaîtra forcément une suite dans deux ans, Munster n’a pas manqué de remercier ceux qui l’ont rendue possible… « Outre nos équipages, qui ont été brillants, j’aimerais particulièrement souligner le travail de ma compagne Andrée Hansen, qui a occupé la fonction de team-manager pendant que je pouvais me concentrer sur le pilotage de la Porsche. Un rôle qui n’a rien d’évident, car il s’agit de tout gérer en permanence. A ce niveau-là aussi, c’était parfait. Merci à tous nos mécanos, qui ont été extraordinaires, à Lionel Hansen d’avoir été là, toujours prêt à intervenir, et à notre stagiaire Mehdi, qui a pris en charge l’aspect logistique, ce qui n’a clairement rien d’une tâche ordinaire sur un tel rallye. Merci enfin à Vicky Vandewalle, qui a parfaitement coordonné l’ensemble, et dont la présence est toujours très appréciée par l’ensemble du team. Cap maintenant sur les Legend Boucles de Spa, exercice d’un genre très différent qui lancera la saison sportive 2014… »