Il n’y a pas « que » la monoplace dans la carrière d’un pilote… Thibaut Taquet a réussi un pari plutôt osé ! De la F4, en passant par la F.Renault pour finalement prendre le volant d’une VW Fun Cup en Angleterre !
Pour reprendre une expression célèbre: « C’est la mort dans l’âme » que tu as du revoir tes plans pour cette saison, à l’origine tu devais rouler en F.Renault WEC chez TSD Racing aux côtés de Vincent Beltoise avant l’arrêt du championnat – Comment as-tu réagi ?
En fait je m’y attendais un peu… Je savais que Renault Sport connaissait des difficultés pour trouver des pilotes, et que les pilotes connaissaient des difficultés pour trouver des budgets. Avec Vincent, on discutait pas mal pour savoir comment ça allait se passer, qu’elles pourraient être nos options etc… Ca aurait juste été formidable de pouvoir le faire mais j’ai toujours su que ça serait extrêmement difficile.
Un ex-Campusard (ndlr:8e en 2009 auteur d’un podium à Monza) sur la glace du Trophée Andros mais finalement c’est en Volkswagen Fun Cup, que tu t’es rabattu cette année !
J’ai eu une opportunité, alors je l’ai prise !
Ta rencontre avec Jean-René Defournoux ? 8e du général sans avoir beaucoup roulé et sans connaître la voiture ! En effet tu n’as pas fait d’essais, tu as débuté directement en course ! étonnant !?
Jean René est vraiment quelqu’un de sympa, à l’image de son équipe ! C’est un peu l’ambiance que j’avais sur les pistes de karting quand j’avais 10 ans, le motor-home en plus. Quand on n’a pas pu rouler lors de la Coupe du Monde à cause du brouillard, on a joué à la belote avec l’équipe. Je trouve ça plutôt drôle, mis à part le fait que nous avons démarré en course après seulement 3 tours sous safety-car.
Au niveau du résultat, si l’on m’avait dit avant la course que je terminerais 8ème de la Coupe du Monde, sur un circuit où je n’ai jamais roulé avant le départ, avec une voiture que je connais à peine, dans des conditions difficiles et face à 64 autres concurrents; je pense que j’aurais signé tout de suite. Mais quand on réalise que l’on peut tout de même faire un podium voire jouer la victoire et que l’on perd pour des raisons qui ne se jouent pas sur la piste, ça reste extrêmement frustrant. C’est vrai que j’ai été surpris de ma performance. Je pense que l’univers de la FunCup m’aide beaucoup car l’on ne se prend pas la tête. Et la voiture est beaucoup plus intéressante à piloter que ce que j’aurais pu penser. Finalement, j’en apprend beaucoup sur moi même à son volant et ça m’est très bénéfique !
La Formule Renault reste ta priorité ? Tu as déjà roulé avec cette voiture…
J’ai effectivement fait un test sur la nouvelle FR avec Vincent en février 2010 à Motorland. Au niveau plaisir de pilotage, c’est évident qu’une monoplace reste au dessus du lot. Surtout quand elle est aussi aboutie que la nouvelle FR. Maintenant, les budgets demandés pour faire une saison sont extrêmement élevés. Même avec une paire de centaine de milliers d’Euros, on n’est pas sûr de pouvoir être dans une bonne équipe. Et dépenser autant d’argent pour terminer 10ème d’un championnat n’est pas intéressant. Cette saison 2010 m’a beaucoup fait réfléchir et relativiser.
Tu es en 3ème année de communication à l’ISCOM, moniteur de pilotage à l’Auto Sport Academy du Mans… Ta carrière pourrait être remise en question, si tu ne concrétises pas pour l’année prochaine ?
Il est vrai que mes études me prennent beaucoup de temps. Mais aujourd’hui, avant de demander à un pilote de piloter, on lui demande de trouver des sponsors. Si je fais ces études, ce n’est pas un hasard ! De plus, l’ISCOM est une très bonne école et reconnue équivalente de Science Po Paris dans les métiers de la communication et de la pub. Par conséquence, j’ai beaucoup de boulot et donc moins de temps pour me concentrer sur la recherche de sponsors. D’un autre côté, je m’en sors plutôt bien et ça m’ouvre de très belles possibilités de carrière dans ce domaine.
Etre moniteur pour stage de pilotage est pour moi une autre possibilité de carrière. Tout en étant rémunéré, je reste dans le bain du sport automobile. Conseiller des pilotes me demande le même esprit d’analyse que pour mon propre pilotage, je progresse donc de ce côté là. Et puis je prend tout de même le volant de temps en temps ! Je rencontre également beaucoup de personnes qui ont bien gagné leur vie et qui, aujourd’hui, se font plaisir au volant de voiture de course. Ca me motive pour continuer mes études !
Toutes les expériences que j’ai pu acquérir cette année m’ont permis d’ouvrir les yeux et de remarquer qu’il n’y a pas qu’une seule façon de devenir pilote professionnel. Le plus bel exemple est David Zollinger. Même si beaucoup de portes sont fermées, je sais qu’il y a encore pas mal de fenêtres ouvertes. Je sais piloter, je sais aller vite. Ca prendra le temps qu’il faudra mais j’y arriverai.
Reçois mes encouragements Thibaut !